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06-05-2024
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Sermon du Vendredi-Sermon (0441) : S1-Leçons et enseignements utiles tirés de L’émigration du prophète, Paix et bénédictions sur lui..
   
 
 
Au Nom d’Allah, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux  
 

  Je témoigne qu’il n’y a de divinité que Dieu, Seul sans associé ; je reconnais Sa Seigneurie quoi que puissent en penser ceux qui Le nient et ne croient pas en Lui. Et je témoigne que Mohamed, paix et bénédictions sur lui, seigneur de la création et des hommes, est Son prophète. Seigneur Tout Puissant, salue, bénis et prie sur notre guide Mohamed, sur sa famille, sur sa descendance et sur ses compagnons, sur ceux qui l’ont rallié et sur ceux qui ont suivi sa voie jusqu’au jour de la résurrection.
  Seigneur, enseigne-nous ce qui nous sera utile et fais en sorte que ce que Tu nous as enseigné nous soit utile. Seigneur, augmente notre savoir. Fais en sorte que la vérité nous apparaisse comme telle et accorde nous les facilités pour la suivre, et fais en sorte que le mensonge nous apparaisse comme tel et accorde nous les facilités pour nous en éloigner. Fais en sorte que nous soyons de ceux qui savent écouter pour suivre le meilleur discours. Par Ta miséricorde, compte-nous parmi Tes hommes bienfaisants.
  Dans quelques jours aura lieu la commémoration de l’émigration du prophète, paix et bénédictions sur lui, événement que tout le monde connaît. En fait, à chaque occasion religieuse au cours de laquelle quelques paroles évoquent ce fait, les étapes y sont décrites successivement avec force détails. Personnellement, je voudrais que l’exposé d’aujourd’hui soit axé sur l’aspect des leçons et des expériences à tirer, ainsi que des déductions qui peuvent s’avérer très utiles après l’étude de ce phénomène historique de l’émigration qui est considéré comme le deuxième fait d’importance après la prophétie de Mohamed, paix et bénédictions sur lui.
  L’émigration a constitué en même temps le début du calendrier musulman et le début de l’histoire de la communauté musulmane. Ce n’est pas la naissance du prophète, paix et bénédictions sur lui, qui a marqué le début de ce calendrier, et ce, pour une raison très précise qui veut qu’en islam, l’envergure d’un homme ne réside pas en sa personne, mais plutôt dans l’œuvre qu’il a accomplie. C’est ce qui ressort du passage coranique suivant :

« … Quant à ceux qui ont cru, mais n'ont pas émigré, vous ne serez pas liés à eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent. »

(Coran, sourate 8, le butin, extrait du verset 72).

  C’est ainsi que Dieu Tout Puissant ne rapproche de Lui un individu et ne le distingue que si son œuvre va de pair avec ses dires. Aussi, qu’est ce qu’a accompli celui qui croit en Dieu sans obtempérer à Son Commandement et sans s’abstenir de commettre Ses Interdictions ? En fait, il n’a absolument rien accompli, parce qu’il a cru en Dieu Tout Puissant, et s’est contenté de cette attitude. Dieu existe bel et bien, et ce, que l’individu croit ou qu’il ne croit pas. C’est un fait. Et il en va ainsi de la croyance en Son unicité et en Sa plénitude. Croire ou ne pas croire, reconnaître ou ne pas reconnaître est une attitude tout à fait stérile, car la foi en elle-même ne constitue pas un but ; elle n’est qu’un moyen. C’est un moyen d’accomplissement de bonnes œuvres qui constituent un motif d’accès au paradis et non le prix de l’accès au paradis. Si donc le calendrier hégirien repose sur la date de l’émigration du prophète, paix et bénédictions sur lui, on en déduit que l’individu qui ne prend pas position, qui n’a pas d’engagement, qui n’obéit à aucun ordre ni à aucune interdiction du genre ‘fais ceci !’ et ‘ne fais pas ça !’, qui n’entreprend rien ni ne fournit aucun effort, qui n’a rien à offrir, celui là ne peut gravir les échelons de la foi.
  Pour s’accomplir, l’homme n’est ni conviction ni consentement adoptés isolément ; il est surtout et plutôt actes et engagements ajoutés pour couronner son passage sur terre. En effet, l’islam ne constitue ni une culture ni une frénésie de lectures ; c’est plutôt une soumission et une conformité. C’est ainsi que l’émigration entreprise par le prophète, paix et bénédictions sur lui, a exprimé une prise de position ; elle a exprimé sa préférence de la vérité.
  Il faut également se rendre compte que parler de l’émigration constitue une chose, et le fait de la vivre en constitue une autre. Il est vrai qu’en parler et l’évoquer est utile et avantageux, mais se sentir coupé de ses racines et se retrouver dans une contrée éloignée où l’on ne possède ni foyer ni propriété ni alliés, se révèle être une entreprise autrement éprouvante, et se contenter de l’évoquer est tout autre chose que la subir dans toutes ses épreuves.
  Si on prend l’exemple d’Abraham, lorsqu’il a reçu l’ordre d’immoler son fils Ismaël, les croyants se plaisent à prendre connaissance des épisodes de l’épreuve, à en psalmodier les versets et à vanter les mérites de ce noble prophète pour l’acceptation de son immense sacrifice. Ceci est une chose ; mais recevoir un commandement divin consistant à immoler son propre fils constitue une tout autre expérience.
  L’émigration du prophète, paix et bénédictions sur lui, constitue le même genre d’épreuve. Evoquer cette entreprise et y déceler les mérites de l’envoyé de Dieu pour ce choix, pour son sens du combat dans le sentier de Dieu, pour l’endurance qu’il a montrée face aux épreuves, tout cela constitue une chose ; mais en vivre les affres constitue une tout autre chose, comme le précise Dieu Tout Puissant ci-après.

« Et si Nous leur avions prescrit ceci : ‘’tuez-vous vous-mêmes !’’ou‘’sortez de vos demeures !’’ ils ne l’auraient pas fait, sauf un petit nombre d’entre eux. »

(Coran, sourate 4, les femmes, extrait du verset 66).

  Ce qui confirme cette assertion, c’est que ceux qui sont obligés de quitter leur pays et d’errer dans la nature hostile les jours de grand froid ou de chaleur intense, ils endurent ce qu’ils endurent, et en entendre parler n’est pas comme endurer leur sort, car ils endurent quelque chose de très éprouvant. C’est pourquoi, parlant à ses compagnons non émigrés, l’envoyé de Dieu, paix et bénédictions sur lui, leur fait savoir :

« Si l’un de vous venait à dépenser l’équivalent du mont Ouhoud en or, il ne pourrait égaler l’équivalent de ce qui peut remplir les deux mains jointes ou même sa moitié par rapport à ce qu’ils (les compagnons émigrés) ont donné. »

(Tradition orale tirée du Jami’ li Ahkam Al-Qor’an).

  L’émigration comporte également un autre aspect à méditer: lorsque Dieu Tout Puissant envoya Son messager aux arabes et à l’ensemble de l’humanité comme annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur, que fut la réaction de l’envoyé de Dieu? L’ensemble de sa communauté connaissaient son sens de la probité, sa sincérité, sa chasteté, son intégrité, ses racines. Quelle invitation leur présenta-t-il ? Il les invita à adorer le Seigneur Tout Puissant. Et qu’avait-il fait pour mériter leur complot pour le tuer, pour le bannir, pour brutaliser ses compagnons ? Quel fut son tort ? Rappelons-nous ce que répondit son compagnon Ja’far lorsque le Négus d’Abyssinie, sur le point de mettre les compagnons fugitifs Mecquois aux arrêts, lui demanda de lui parler du prophète, paix et bénédictions sur lui :
  « O roi ! Nous étions un peuple païen qui adorait les idoles ; nous avions l’habitude de consommer des charognes et de commettre les turpitudes. Nous étions connus pour porter atteinte au voisinage, et le fort d’entre nous oppressait le faible, jusqu’à ce que Dieu nous envoie un homme des nôtres dont nous connaissons la moralité sans égale, la chasteté, et la sincérité. Il nous a invités à n’adorer que Dieu Seul et à nous débarrasser de ce qu’adoraient ceux qui nous ont précédés comme idoles et représentations en pierre, à ne dire que la vérité, à nous acquitter du dépôt qui nous été confié, à raffermir les liens de parenté, à entretenir le bon voisinage, et à cesser de commettre les actions tabous et de verser le sang. »
  Les questions cruciales à poser sont: « pourquoi tant d’animosité ? Pourquoi les puissants Mecquois se sont-ils ralliés pour combattre le prophète, paix et bénédictions sur lui ? Pourquoi ont-ils comploté pour se débarrasser de lui ? Pourquoi ont-ils manigancé contre lui ? Pourquoi l’ont-ils banni ? Pourquoi ont-ils brutalisé ses compagnons ? »
  La réponse est élémentaire: il s’agit du combat éternel du bien contre le mal. Le bien étant ce qu’il est: l’antithèse du mal et vice versa, le mal a tendance à vouloir étouffer le bien, à le couvrir, à l’oppresser, conflit qui contribue à pérenniser un combat éternel entre le bien et le mal.
  Posons-nous maintenant une autre question: « Pourquoi Dieu Tout Puissant n’a-t-Il pas fait en sorte que son prophète et ses compagnons fussent créés dans une contrée où il n’y avait pas de mécréants ? Ils n’auraient pas eu à endurer l’opposition, les épreuves, les complots, les sévices, le bannissement et toutes les autres épreuves.
  La réponse est tout aussi simple: il s’agit d’une ‘mise à l’épreuve’. En fait, le secret de la présence sur terre de tout être humain est une mise à l’épreuve. C’est ce que soulignent les extraits suivants :

« … Nous sommes certes Celui qui éprouve. »

(Coran, sourate 23, les croyants, extrait du verset 30).

« Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver et de montrer qui de vous est le meilleur en matière d’œuvre. »

(Coran, sourate 67, la royauté, extrait du verset 2).

  Lorsqu’un individu a cru en Dieu, il n’a accompli qu’une étape préliminaire. Il lui reste à s’élever vers Lui. Comment ? Il ne peut y parvenir qu’au moyen de la patience, au moyen de la persévérance, en supportant patiemment les torts au moyen de tout ce qu’on peut posséder de plus cher en son corps et en ses biens. Toutes les épreuves nées des conflits entre les mécréants et les croyants, engendrées par les complots des mécréants contre les croyants et les restrictions qu’ils leur imposent, par les sévices qu’ils leur font subir, et le fait de les expulser de leur pays ; toutes ces épreuves constituent le prix à verser pour accéder au paradis éternel, pour le rapprochement de Dieu Tout Puissant.
  Lorsque les forces de Qoraych assistées de leurs coalisés entreprirent le siège de Médine dans le but d’en chasser les croyants, il ne s’agissait pas d’une bataille dont l’issue était une victoire ou une déroute ; il s’agissait d’une entreprise d’éradication, d’une opération d’extermination. Les forces de Qoraych et leurs alliés aidés des juifs qui entouraient le prophète, paix et bénédictions sur lui, voulaient éradiquer et étouffer dans l’œuf cette nouvelle religion. Voila ce qu’en dit le noble coran :

« Lorsqu’ils vous cernèrent d’en haut et d’en bas (de toutes parts) et que les regards étaient troublés et les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur Dieu toutes sortes de suppositions, les croyants furent alors éprouvés et secoués d’une rude secousse. »

(Coran, sourate 33, les coalisés, versets 10 et 11).

  C’était donc une mise à l’épreuve. Ainsi, chaque difficulté subie du fait des mécréants, de ceux qui se détournent de la religion et des partisans de la jouissance de la vie ici bas, constitue une épreuve destinée à élever l’individu et à le rapprocher de son Créateur tout en affermissant sa sincérité. Ceux qui déclarent :

« Dieu et Son messager ne nous ont promis que tromperie. »

(Coran, sourate 33, les coalisés, extrait du verset 12).

  Et d’autres qui disent : « votre compagnon nous promet-il que nous serons victorieux des pays de César et de Chosroes alors qu’aucun de nous ne se sent à l’abri en faisant ses besoins ? »
  Et :

« Parmi les croyants, il est des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Dieu. Certains d’entre eux ont atteint leurs fins ; d’autres attendent encore, et ils n’ont rien modifié (à leur engagement). »

(Coran, sourate 33, les coalisés, verset 23).

  Il s’agit donc d’une mise à l’épreuve. Quelle différence entre les deux attitudes !!! L’attitude de la lâcheté, de la faiblesse, du doute, et de l’incertitude d’un côté, et l’attitude de victoire, de soutien, et de certitude de l’autre côté. Tel est le constat de ce verset :

« Parmi les croyants, il est des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Dieu. Certains d’entre eux ont atteint leurs fins ; d’autres attendent encore, et ils n’ont rien modifié (à leur engagement). »

(Coran, sourate 33, les coalisés, verset 23).

  Il y avait parmi les coalisés qui étaient venus assiéger Médine afin d’éradiquer la nouvelle religion et se débarrasser de l’envoyé de Dieu, un nommé Nou’aym-Ibn-Mas’oud, Dieu soit satisfait de lui, qui jouissait d’un sens aigu du raisonnement. Au cours d’une nuit pendant le siège qui dura une vingtaine de jours, le prophète, paix et bénédictions sur lui, se réfugia auprès de son Seigneur et entonna une prière de détresse, répétant dans ses suppliques :

« Seigneur ! Je Te demande instamment de réaliser Ton engagement et Ta promesse ! »

(Tradition orale tirée du résumé de l’exégèse d’Ibn-Kathir, d’après Ibn-Abbas).

  La même nuit dans le camp opposé, Nou’aym-Ibn Mas’oud se retournait sur sa couche, en proie à l’insomnie, ses paupières ne pouvant se fermer, comme si elles étaient figées. Il finit par diriger son regard vers le ciel et le laissa errer parmi les étoiles, tout en se demandant: « Malheur à toi Nou’aym ! Qu’est-ce qui t’a fait quitter le Nejd lointain pour combattre cet homme et ceux qui l’accompagnent ? Tu ne le combats pas pour récupérer un droit usurpé ou pour venger un honneur bafoué… Tu es venu le combattre sans raison valable… »
  Ainsi, un moment de réflexion avait suffi. Il a eu recours à sa raison un court instant. Il a suffi d’une simple méditation pour lui faire comprendre l’absurdité de son action. C’est ce qui se passe pour la plupart des gens ; ils agissent sans raison aucune, sans but précis, entrainés par la majorité, même s’ils sont dans le tort, contre une faction qui est dans son droit et qui combat pour ce droit. Si on leur demande pourquoi ils combattent ainsi, ils ne savent pas quoi répondre. Si on leur demande pourquoi ils s’allient avec les oppresseurs, ils n’en connaissent pas les raisons. Si on leur demande pourquoi ils adoptent une telle attitude, ils ne le savent pas. Où est passée la raison ? Où est passée la réflexion ?
  Cet homme qui, plus tard est devenu un compagnon, était un polythéiste. Il avait accompagné les qoraychites et leurs coalisés pour combattre le prophète, paix et bénédictions sur lui. Il lui a fallu un court instant de lucidité pour solliciter sa raison et entreprendre son autocritique et se rendre compte qu’il n’était pas venu combattre pour récupérer un droit usurpé ou pour venger un honneur bafoué… Il était venu combattre sans raison valable… Il s’était dit :
  « Est-il concevable pour un homme doué de raison de venir combattre et tuer ou être tué sans raison ? Malheur à toi, Nou’aym ! Qu’est ce qui t’a amené à brandir ton sabre devant cet homme bienfaisant qui enjoint ses compagnons d’agir avec équité et bienfaisance, et de venir en assistance et subvenir aux besoins des proches parents ? » Sa bienfaisance est notoire, son appel enjoint à faire le bien ; son appel est donc raisonnable et est conforme à la logique des choses, conforme à la primo-nature, et conforme à la réalité des choses. « Malheur à toi, Nou’aym !   Qu’est-ce qui te pousse à verser le sang de ses compagnons qui ont suivi ce qu’il leur a apporté comme guidance et vérité ? »
  Ce monologue de Nou’aym ne fit qu’aboutir à la décision ferme qu’il s’empressa de mettre en pratique. Il profita des ténèbres pour quitter furtivement le camp des assaillants et s’empressa de rejoindre le prophète, paix et bénédictions sur lui. Lorsque l’envoyé de Dieu le vit devant lui, il demanda:
  « Nou’aym-Ibn-Mas’oud ?
  - Oui, envoyé de Dieu !
  - Et qu’est-ce qui t’amène à cette heure-ci ? » Demanda l’envoyé de Dieu.
  « Je suis venu témoigner qu’il n’y a de divinité que Dieu et que tu es le serviteur de Dieu et Son messager, et que ce dont tu es venu avec est la vérité... »
  La fin de cette histoire est assez longue. Toujours est-il qu’à l’issue de ce siège, Dieu Tout Puissant accorda la victoire aux croyants grâce à ce prestigieux compagnon doué de sagesse, de génie, et dont la réflexion a profité aux musulmans.
  N’avons-nous pas besoin dans notre monde d’aujourd’hui d’un moment de lucidité ? N’avons-nous pas besoin d’un peu de méditation ? N’avons-nous pas besoin d’utiliser notre raisonnement ? Pourquoi ne pas se décider à rejoindre Dieu Tout Puissant ? Pourquoi ne pas se réconcilier avec son Créateur ? Pourquoi ne pas se repentir de tous ses péchés ? Pourquoi ne pas réformer son foyer ? Pourquoi ne pas discipliner son foyer qui est sous sa responsabilité ? Le musulman n’est pas tenu de faire, seul, barrage aux forces du mal pour les empêcher de nuire aux musulmans ; ceci est au dessus de ses forces ; par contre, il est tenu de faire en sorte que son foyer soit celui d’un musulman, et que son activité soit celle d’un musulman. S’il arrive à réaliser ces objectifs, il a accompli son devoir, et le message divin s’est réalisé dans l’œuvre visant cette petite cellule familiale.
  Le combat du bien contre le mal est éternel. Qu’y a-t-il après un si grand test ? Entreprendre un tel combat est une mise à l’épreuve des croyants par leur Créateur. Ainsi, ceux qui se sont opposés au prophète, ceux qui ont comploté contre lui, ceux qui se sont ligués pour le tuer, ceux qui l’ont banni ; où sont-ils à présent ? Le prophète, paix et bénédictions sur lui les a interpellés un par un par leur nom disant :

« ‘O gens du Qalib ! (lieu où ont été enterrés les morts mécréants de la bataille de ‘Badr’) Avez-vous trouvé ce que vous a promis votre Seigneur en toute vérité ? Quant à moi, j’ai trouvé ce que m’a promis mon Seigneur en toute vérité ! Vous m’avez traité de menteur alors que les gens ont cru en moi ; vous m’avez banni alors que les gens m’ont donné asile ; vous m’avez combattu alors que les gens m’ont aidé’. Ses compagnons lui demandèrent : ’est-ce qu’ils entendent ce que tu dis, o envoyé de Dieu ?’ Il répondit : ‘vous n’entendez sûrement pas mieux qu’eux ce que je dis, sauf qu’aujourd’hui, ils ne peuvent pas répondre !’ »

(Tradition orale tirée du ‘Majma’ azzawa’id’, d’après Ibn-Mas’oud).

  Quant à ceux qui ont soutenu le prophète, paix et bénédictions sur lui, ceux qui sont restés avec lui, ceux qui ont combattu à ses côtés, ceux qui ont offert tout ce qu’on peut posséder de plus cher dans le corps et en biens, ceux qui ont fait appel à leur raison, ceux qui ont répondu à l’appel de leur primo-nature, ceux qui ont mis tous leurs efforts au service de la vérité ; quelle a été leur rétribution ? Soulignant leurs mérites, leur fidélité et leur rang, Dieu Tout Puissant dit :

« Il appartient également à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que ces émigrés ont reçu, et qui les préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. »

(Coran, sourate 55, l’exode, extrait du verset 9).

  La meilleure des positions de ceux qui ont supporté le prophète, paix et bénédictions sur lui, est celle affichée par Sa’d-Ibn-Mou’adh de Médine, lorsque, le soir de la bataille de Badr, l’envoyé de Dieu le questionna, voulant connaître sa position et celle des médinois vis-à-vis des émigrés. Il répondit :
  « O messager de Dieu ! Nous avons cru en toi et en ta parole ; nous avons témoigné que ce dont tu nous as fait part est la vérité, que ce dont pour lequel nous t’avons donné notre promesse est considéré comme pacte. Agis selon ta volonté, o envoyé de Dieu, et nous sommes avec toi ! Par Celui Qui t’a envoyé en toute vérité, si tu nous plaçais face à l’océan et que tu décidais de l’affronter, nous l’affronterions avec toi, et aucun de nous ne s’attarderait. Nous ne craignons nullement que tu nous mènes face à notre ennemi demain, car nous sommes patients dans le combat et braves dans la confrontation. Etablis des relations avec qui tu veux et romps les relations avec qui tu veux ; fais-en ton ennemi qui tu veux et fais la paix avec qui tu veux ; prends de notre fortune ce que tu veux et laisse nous en ce que tu veux, et sache que nous aimerons plus ce que tu en prendras que ce que tu laisseras, peut-être que Dieu te feras voir en nous ce qui te réconfortera. »
  En fait, ces deux attitudes contradictoires sont un constat qui illustre bien la réalité de la mise à l’épreuve. Ainsi, chaque individu est soumis à l’épreuve, et soit il se positionne du côté de la vérité, et il bénéficie du bonheur éternel, soit il opte pour l’ignominie et adopte une attitude de faiblesse et soutient le mal, et il perd la vie ici-bas et se voit damné dans l’au-delà.
  Considérons cet autre aspect de l’émigration, et voyons ce que ce fait nous enseigne. Il nous apprend quelque chose d’essentiel. Le prophète, paix et bénédictions sur lui, étant le préféré de toutes les créatures et l’ami du Vrai (Dieu), celui qui a reçu l’assurance divine de vaincre et celui dont personne n’est plus digne de vaincre que lui, et malgré cela, même en étant prophète, même en ayant Dieu de son côté, il n’a jamais omis de prendre toutes ses dispositions, et n’a compté sur son Créateur qu’après avoir tout préparé, tout programmé, tout calculé en prévision de ce qui l’attendait dans ses entreprises.
  C’est là un point capital qui devrait faire méditer les musulmans d’aujourd’hui. Ils devraient le considérer comme règle fondamentale à adopter en toute priorité dans tout ce qu’ils sont appelés à entreprendre. S’ils négligent de prendre toutes leurs dispositions, ils ont tout simplement désobéi et failli. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas tenu compte de cette règle fondamentale instaurée par Dieu Tout Puissant pour toutes ses créatures humaines. Si on ne prend pas toutes ses dispositions et si on ne tient pas compte de toutes les données d’un problème ; si on néglige ces règles, si on ne les applique pas dans le détail et si on ne fait pas attention à ces façons de faire, on ne peut pas déclarer qu’on est vraiment croyant. Par conséquent, celui qui ne prend pas toutes ces dispositions est considéré comme désobéissant.
  Il existe une autre méprise qui affecte ceux qui optent pour la vie ici bas: ils prennent toutes les dispositions de façon méticuleuse, mais ils ne comptent que sur cet aspect des choses ; ils ne comptent que sur l’aspect pratique des données qu’ils se mettent à déifier. Si le croyant agit de la sorte en prenant toutes les dispositions tout en désobéissant à son Créateur ; s’il s’arrange pour analyser toutes les données d’un problème, ne compte que sur ces données et écarte toute idée de compter sur son Créateur, il devient fatalement un polythéiste.
  Dans sa fuite de La Mecque, le prophète, paix et bénédictions sur lui, a pris en compte tous les paramètres et toutes les données: il a choisi le meilleur chemin en faisant appel au meilleur spécialiste dans ce domaine ; il a choisi des hommes pour brouiller les pistes ; il en a choisi un pour recueillir des renseignements ; il en a choisi pour suivre les opérations de l’ennemi, et il n’a laissé de côté aucune faille dans le dispositif. Ayant organisé toute sa stratégie, il a eu ensuite recours à l’ultime et indispensable maillon de sa stratégie: il a compté sur son Créateur. C’est ainsi que lorsque les mécréants parvinrent à la grotte de Thour où il était caché avec son compagnon, l’assurance de l’envoyé de Dieu le faisait paraître comme une montagne majestueuse.   Son compagnon (Abou-Bakr) s’inquiéta:
  « Envoyé de Dieu… Si l’un d’eux regarde vers ses pieds, il nous aperçoit… » Le prophète répondit:
  « O, Abou-Bakr ! Que penses-tu d’un duo dont le troisième est Dieu Tout Puissant ? »
  Abou-Bakr reprit :
  « O, envoyé de Dieu… Ils nous ont découverts ! »
  Le prophète répondit :
  « O, Abou-Bakr, n’as-tu pas lu la parole de Dieu Tout Puissant » :

« … Tu les vois qui te regardent, mais ils ne voient pas. »

(Coran, sourate 7, Al-A’raf, extrait du verset 198).

  Il convient donc de s’inspirer du prophète, paix et bénédictions sur lui, en prenant toutes les dispositions, pour compter ensuite sur Dieu Tout Puissant ; tout ce qui arrive par la suite doit être considéré comme décret divin et destin auquel on doit se soumettre. Concernant celui qui subit les épreuves les plus pénibles pour ne pas avoir pris toutes ses dispositions, de telles épreuves sont le fruit et le prix de sa négligence.
  Pourtant, certaines gens allèguent le fait que Omar a émigré au vu et au su de tous, allant même jusqu’à défier les mécréants qoreïchites en ne leur donnant aucune considération. Par conséquent, Il n’a pas agi comme le prophète, paix et bénédictions sur lui. La réponse est claire comme l’eau de roche. Omar-Ibn-Al-Khattab n’étant pas un législateur, il ne représente que sa personne ; s’il réussit, il a réussi et c’est tant mieux pour lui, et s’il perd, il a perdu, et c’est tant pis. Par contre, l’envoyé de Dieu était un législateur. S’il avait agi en faisant fi des dangers et sans prendre toutes ses dispositions, foncer au cœur du danger aurait été une sunna, une pratique du prophète qu’il aurait fallu prendre à la lettre et appliquer sans réfléchir, et la prise de toutes les dispositions aurait été considérée comme désobéissance puisque le prophète ne s’en serait pas soucié, ce qui aurait fatalement abouti à la perte de toute la communauté musulmane par la suite.
  Le phénomène ’émigration’ est également une attitude spirituelle. Un individu qui vit en pays musulman et rêve d’aller vivre dans un pays non musulman pour partager les us et coutumes de ses habitant, mais se trouve désespéré de ne pouvoir le faire pour une raison ou une autre, c’est exactement comme s’il avait quitté son pays pour cette nouvelle contrée, car celui qui n’assiste pas à une désobéissance, mais l’approuve, est considéré comme s’il l’avait commise ; et celui qui assiste à une désobéissance et la réprouve est considéré comme s’il n’y avait pas assisté.
  C’est pour ces raisons que, à l’origine, l’émigration s’est révélée être une attitude spirituelle. Celui qui a visé le rapprochement avec le Créateur et Son prophète, a agi avec sincérité alors que celui qui a convoité les intérêts matériels de la vie ici bas ou a suivi une femme afin de l’épouser, n’a en fait émigré que pour le but visé.
  Une autre vérité qui s’impose d’elle-même est que la porte de l’émigration qui demeurait ouverte durant une période du temps du prophète, paix et bénédictions sur lui, entre la Mecque et Médine, s’est définitivement refermée après la prise de la Mecque, d’où les paroles suivantes de l’envoyé de Dieu :

« Il n’y a plus d’émigration après la victoire. »

(Tradition orale tirée du Jami’ li’ahkam Al-qor’an).

  Cependant, la porte de l’émigration reste ouverte entre deux cités pareilles à La Mecque et Médine du temps du prophète, paix et bénédictions sur lui. La signification globale de ce fait se résume à la fuite de la désobéissance vers l’obéissance. C’est dans ce sens que le prophète, paix et bénédictions sur lui, a prononcé :

« L’adoration en période de grands troubles est pareille à une émigration vers moi. »

(Tradition orale tirée du Jami’ Assaghir, d’après Mo’qal-Ibn-Yasir).

  Autrement dit, si on aperçoit sur la voie publique des femmes vêtues de façon répréhensible, et marchant de façon provocante, avec sur la tête comme des bosses de chameaux, il convient de les maudire, car elles sont maudites. Lorsque les rues deviennent pleines de tentations, l’adoration de Dieu à une telle époque devient pareille à une émigration vers Dieu Tout Puissant.
  Il y en a qui adoptent une tout autre attitude: ceux qui entreprennent une émigration opposée, c'est-à-dire lorsqu’elle est effectuée pour rechercher des biens terrestres, pour gagner plus d’argent alors que l’émigration authentique consiste à faire le plus de bien possible, à fournir le plus d’efforts possible pour mériter le qualificatif d’émigration vers le Créateur Tout Puissant.   Lorsqu’elle devient une fuite des responsabilités, une évasion motivée par le refus de faire des efforts et la phobie du sacrifice, lorsqu’elle contribue à affaiblir les musulmans et à renforcer leurs ennemis, lorsqu’elle facilite à l’ennemi la colonisation des territoires musulmans et l’exploitation de leurs richesses, lorsqu’elle a comme point de départ un pays où la doctrine divine est érigée en règle pour une contrée de laquelle ont été bannies toutes les valeurs, l’émigration dans de pareilles conditions devient une émigration vers le démon.
  C’est ainsi qu’il est aujourd’hui courant de voir des émigrés dans des pays occidentaux vanter les édifices, les parcs, les moyens de communications, les possibilités de loisirs, la verdure, et tout ce qu’on y trouve comme événements festifs et comme sources de joies et de plaisirs ; ce qui les convainc d’y demeurer jusqu’à ce qu’ils découvrent que leurs filles ont des ‘amis’ qui peuvent faire d’elles tout ce qu’ils veulent ; que du fait de l’influence du milieu, leurs fils ont adopté l’athéisme. Lorsqu’ils apprennent trop tard qu’ils ont perdu leurs enfants, ils paient le prix fort de cette émigration qui a été entreprise sur les traces du démon.
  Il est heureusement beaucoup de gens qui sont retournés à temps dans leur pays d’origine alors que leurs enfants étaient encore jeunes. Ils ont pu ainsi les préserver et préserver leurs proches. Rien en effet n’est plus précieux pour un père que de voir son enfant foncièrement bon, sa fille croyante, son beau-fils croyant. Ce sont des choses dont ne se rend compte que celui qui les a perdus. C’est pourquoi lorsque l’attrait de l’argent séduit une personne, le croyant ne doit pas pour autant quitter un pays où domine la doctrine divine et où il peut assister à des rencontres et y écouter des exposés d’ordre scientifique et religieux et y évoluer parmi des compagnons honorables et sincères. Il ne doit surtout pas quitter cet environnement de grâces pour un autre illusoire avec ses tentations matérielles qui appellent à émigrer dans le sentier du démon.
  C’est pourquoi il convient également de faire son mea culpa avant d’avoir à rendre des comptes, et de faire le bilan de ses actions avant qu’elles ne soient présentées à charge contre soi. Il faut également savoir que l’ange de la mort nous a enjambés pour aller vers d’autres et qu’il enjambera un jour les autres pour se présenter devant nous. L’individu avisé est celui qui s’est jugé lui-même et a œuvré pour la vie post mortem alors que l’incapable est celui qui a donné libre cours à ses désirs en fondant son espoir sur la mansuétude divine.
Seigneur, fais en sorte que nous soyons de ceux que Tu as guidés. Fais en sorte que nous soyons de ceux auxquels Tu as préservé la santé. Accorde-nous le soutien que Tu as accordé à ceux que Tu soutiens. Seigneur, bénis ce que Tu nous as donné, et éloigne de nous et préserve-nous du mal que Tu as décrété, puisque c’est Toi qui décrètes et qu’il n’y a point de décret contre Toi. Certes, celui que Tu protèges ne peut être avili comme ne peut se prévaloir de la dignité celui que Tu considères comme ennemi. Sublime et Tout Puissant Tu es. Gloire à Toi pour ce que Tu as décrété. Nous implorons Ton pardon, Seigneur, et nous nous repentons à Toi.
  Seigneur, fais en sorte que la crainte de Toi se situe entre nous et Ta désobéissance ; fais en sorte que Ton obéissance nous mène au paradis ; fais que notre certitude allège pour nous les catastrophes de la vie ; fais nous jouir de notre ouïe, de notre vue et de notre force tant que nous vivons, et transmets les en héritage à notre descendance. Venge-nous de celui qui nous a fait préjudice et fais-nous triompher de notre ennemi ; ne fais pas de la vie notre plus grand souci ni notre ultime science, et ne laisse pas celui qui ne te craint pas et n'a pas de compassion pour nous avoir le pouvoir sur nous.
  Seigneur, fais que nos dirigeants soient les meilleurs d’entre nous, et n’en fais pas à cause de nos péchés les pires d’entre nous, ô Maitre des mondes…
  Seigneur, réconcilie-nous avec notre religion qui est infaillible pour notre action, et améliore pour nous notre monde qui est le siège de notre vie d’ici-bas ; arrange notre au-delà auquel nous sommes destinés et fais en sorte que la vie soit pour nous un lieu de récolte de biens, et fais en sorte que la mort soit pour nous un repos exempt de tout mal, Toi, notre Seigneur, Maitre des mondes.
Seigneur, nous nous refugions auprès de Toi contre l’indigence à l’exception de celle vis-à-vis de Toi, de la crainte, sauf de la Tienne, et de l’humiliation, sauf devant Toi. Nous nous refugions auprès de Toi des maladies incurables, des réjouissances de nos ennemis à nos dépens et de la privation après le don, ô Seigneur Maitre des mondes.
  Seigneur, fais que Ta licéité nous suffise par rapport à Ton illicéité, Ton obéissance par rapport à Ta désobéissance, et Tes bienfaits par rapport à ceux d’autres que Toi.
  O Seigneur, dissimule notre nudité et dissipe nos frayeurs ; fais en sorte que nous soyons en sécurité dans nos pays, et fais en sorte que ce pays soit en sécurité, généreux et prospère, ainsi que tous les pays musulmans.
  Seigneur, accorde la santé et l’intégrité aux pèlerins et aux voyageurs ; aux sédentaires et aux membres de la communauté de Mohamed, paix et bénédictions sur lui, sans exception, mobilisés sur terre et sur mer pour le triomphe de Ta doctrine.
  O, Seigneur, Toi le plus Noble des nobles, accorde-nous tout bien dont T’a fait demande le prophète Mohamed, paix et bénédictions sur lui.
  O, Seigneur, par Ta grâce et Ta miséricorde, élève la parole de la vérité et celle de la religion ; donne la victoire à l’Islam et la puissance aux musulmans, et guide leurs dirigeants vers ce que Tu aimes et que Tu agrées, car Tu es Capable sur ce que Tu veux, et Prompt à répondre, et…

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